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Julian Vasseur, linguist, PhD student at Université de Rouen Normandie, Laboratoire DYLIS EA7474
Construire un objet de recherche en sociolinguistique urbaine dans une société aux marges de l’anglophonie
Résumé
Le cas des dernières générations de locuteurs bilingues népali-anglais au Népal nous paraît intéressant à bien des égards pour aborder la question des rapports entre négociation du sens et négociation des identités dans le contexte des processus de la mondialisation. Bien que ceux-ci affectent de toutes parts une société népalaise encore majoritairement traditionnelle et rurale, c’est en très large partie dans l’espace socio-langagier urbain que s’observent des conventions et des modes de communication qui reposent sur une hétérogénéité des ressources langagières qui intègre l’anglais. S’il ne s’agit pas d’une société postcoloniale, l’influence majeure exercée par le Raj britannique sur les institutions népalaises entre le milieu du 19e siècle et le milieu du 20e siècle a toutefois permis à l’anglais d’acquérir au Népal une place privilégiée dans le système éducatif. Il concurrence aujourd’hui ouvertement le népali, langue nationale la plus employée dans les échanges intercommunautaires, dans un nombre croissant de domaines de la vie sociale et professionnelle au Népal (milieu étudiant, industrie médiatique, interactions en contexte socionumérique). Comme c’est le cas également dans d’autres sociétés sud-asiatiques, l’anglais est de moins en moins perçu comme une langue « étrangère » et se retrouve de plus en plus associé à la nepālipan (« népalité », en népali) dans la mesure où les locuteurs y puisent parfois des ressources communicatives destinées à l’expression de réalités pourtant bien locales. C’est à cette articulation – à ce « maillage » – des ressources langagières que ma recherche doctorale en cours se consacre. Les locuteurs bilingues népali-anglais ont accès à des ressources communicatives composites dans leurs échanges quotidiens et en font un usage qui ne tient pas nécessairement compte de frontières entre les construits socio-historiques que sont les « langues ». Pour cela, ils se doivent d’effectuer un réglage du sens sur un marché social encore plus complexe, translinguistique, souvent transculturel, et transidentitaire. Décrire ces processus dans des contextes variés s’inscrit dans une démarche visant à mieux expliciter les comportements langagiers à l’heure de l’intensification des processus de la mondialisation. Ces comportements impliquent un positionnement identitaire par rapport à cet anglais hégémonique qui fait l’objet de dynamiques de marchandisation, notamment dans le contexte népalais où cette langue est employée comme langue de transmission des connaissances dans tout un pan du système éducatif. Je propose d’explorer ces questions à travers l’observation d’extraits d’entretiens semi-directifs et de conversations provenant d’émissions médiatiques et d’enregistrements in situ réalisés dans la vallée de Katmandou entre juillet et novembre 2019. Ces données font partie d’un corpus en cours de construction et ont été collectées avec le consentement des locuteurs ou par l’intermédiaire d’assistants intégrés à la conversation (milieu professionnel, contexte familial). Une attention particulière est également accordée à la description du travail de terrain et à la collecte des observables.
The workshop will be held online via the following link :
https://zoom.us/j/94363438251?pwd=NkFEUDNoZUZmTGVMVHg3Z1J6NU8ydz09.